Les Recherches Avec, Par et Pour la société : une contribution à la transformation sociale

Quelle contribution de la recherche à la transformation sociale ? 

Dans son rapport d’octobre 2018, « Recherche(s) et innovation en Bretagne1 », le CESER Bretagne souligne l’hypothèse selon laquelle les activités de recherche peuvent avoir des effets d’entraînement sur le développement régional et la façon dont ces effets peuvent être caractérisés, analysés, mesurés et, le cas échéant, être renforcés au service des transitions vers un développement régional durable… 

La production de connaissances et la progression des savoirs constituent les objectifs premiers et incontournables des activités de recherche, et particulièrement de la recherche fondamentale. Le CESER a choisi de centrer son analyse sur les effets d’entraînement des activités de recherche (notamment appliquée) et d’innovation sur le développement régional, incluant les piliers économique, social, environnemental et démocratique. Il propose d’en distinguer quatre : 

• répondre aux défis sociétaux de la Bretagne comme du monde ; 
• contribuer aux débats démocratiques ; 
• soutenir le développement économique et l’emploi ; 
• renforcer l’attractivité du territoire 

C’est bien pour répondre à ces enjeux auxquels nous faisons face que nous considérons aujourd’hui qu’il est nécessaire de renforcer les liens entre recherche et société. Comme le CESER, nous considérons que cela pourrait avoir un effet d’entrainement sur le développement de réponses ambitieuses aux enjeux des transitions économiques, sociales et environnementales. Il est nécessaire pour cela de favoriser :  

• la production de connaissances, dans le sens d’un bien commun utile et accessible à tous, et la diffusion / vulgarisation des connaissances, en réponse à un enjeu démocratique : permettre à chacun de comprendre les enjeux scientifiques et techniques et d’être en mesure de participer à des débats éclairés ; 
• le transfert et la valorisation des productions de la recherche, source d’innovations dans un objectif de développement économique, mais aussi pour répondre à des défis sociétaux ; 
• la participation d’acteurs variés à des projets de recherche, également source d’innovations, que l’on parle de recherche-action ou de démarches de recherche et développement social à visée de transformation sociale 

Pour un rapprochement Science et société

Les travaux de Rémi Barré sur la sociologie des sciences ont mis en évidence trois types de recherches (voir la revue Cahiers de l’action n°55, parue en 2020) 
On distingue : 

• La recherche académique 
• La recherche industrielle 
• Et un troisième type de recherche, qui est encore diversement nommé : Recherche-action, Recherche participative, Recherche collaborative, Co-recherche, Recherche avec, par et pour la société, etc. Toutes ces dénominations témoignent d’une émergence multi-située, d’un grand potentiel d’expérimentation. 

Il nous semble que si l’ensemble de ces activités sont essentielles à la production de connaissances mais aussi d’innovations, elles appellent des modes de soutien différenciés en fonction des enjeux. Cette mobilisation passe à la fois par une stratégie politique visant à défendre l’intérêt de ces co-recherches, et par une mise en réseau et une montée en compétences des acteurs. 

A l’image d’autres acteurs2, il nous semble que la mobilisation conjointe des acteurs de la société civile (au premier rang desquels, les acteurs de l’ESS), de la recherche et de l’enseignement supérieur et des pouvoirs publics doit accompagner la transformation sociale et environnementale. Il est en effet nécessaire d’identifier et de partager les réponses pertinentes qui émergent, pour qu’il soit possible de mettre en œuvre des démarches de transformation sociale fortes et ambitieuses, au bénéfice de l’intérêt général. 

Il manque pourtant aujourd’hui une véritable volonté de prise en compte du rôle des co-recherche pour la résolution de questions de société, et la perception de l’innovation sociale comme vecteur de ces résolutions et de renforcement de l’existant n’est pas assimilée. Si l’innovation sociale est un objet de recherche récent, inégalement étudié sur le territoire, elle permet de penser des modes d’organisation sociale et de coopération qui facilitent l’émergence de projets de territoire, par exemple : transition vers des modèles agricoles sans intrants et de proximité, inclusion réelle des personnes en situation de handicap tout au long de la vie, système de santé de proximité, etc. Elle permet également de penser et concevoir les outils et dispositifs qui favoriseront le déploiement de ces solutions.